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23 mars 2005 3 23 /03 /mars /2005 00:00

 

Chère Sandrine,

 

Tu m’as dit que tu regrettais mon départ mais que néanmoins cette orientation dans un IRP, c’était pour mon bien. Tu m’as dit aussi que j’avais des capacités mais que je ne voulais pas les utiliser et qu’à cause de cela tu ne pouvais plus rien faire pour moi. Tu me reproches mes fugues, l’école B, les chahuts que j’organise dans le groupe. Tu me reproches aussi de ne pas avoir tenu les nombreuses promesses que je t’ai faites d’être sage et d’aller à l’école. C’est ce qui m’a touché le plus dans tout ce que tu m’as dit. Tu ne me croiras sans doute pas, mais j’étais réellement sincère quand je te faisais mes promesses. Aussi, avant de partir, je vais te raconter pourquoi je n’ai pas tenu mes engagements. Je vais te raconter ma vie telle que tu ne la connais pas, que je t’ai raconté à ma manière et que tu n’as pas su décoder. Pourtant, tu m’as souvent demandé de te le dire. Des dizaines, des centaines de fois, j’étais sur le point de le faire mais à chaque fois les mots se bloquaient dans ma bouche, ma langue devenait sèche et je me taisais. Lassée par mon silence, tu passais à autre chose et tu allais voir une autre fille du groupe qui t’attendait.

 

Donc, au début, quand maman se portait bien, tout fonctionnait à la maison. Puis, elle est tombée malade. Une longue maladie, une de celles dont on ne guérit pas. Très vite, la relation entre papa et maman s’est dégradée. J’avais sept ans à l’époque. Papa commençait à s’intéresser à moi. Il me regardait autrement, pas comme un père regarde sa fille. Il m’appelait sa petite femme. Il venait de plus en plus souvent dans ma chambre le soir. Au début, j’étais contente. Il compensait les absences de maman qui était soit à l’hôpital soit dans son lit. Puis, les caresses qu’il me faisait étaient de plus en plus précises et me troublaient. C’était agréable mais au fond de moi-même, je sentais que ce n’était pas bien. Quand il partait, je restais seule dans mon lit. Je ne parvenais pas à m’endormir. Des tas d’idées se mélangeaient dans ma tête, je pleurais.

 

Le matin, je me levais fatiguée. Je devais m’occuper de mes petits frères et de ma petite sœur, parce que maman ne pouvait plus s’en occuper. J’arrivais souvent en retard à l’école et je m’endormais sur ma table. J’étais souvent punie. Maman ne m’achetait plus de vêtements. Je me débrouillais avec ce que je trouvais dans la maison. Les autres enfants à l’école m’appelaient la souillon ou tête à poux. Ils ne voulaient plus jouer avec moi, ils se moquaient. J’avais beaucoup de chagrin. Un jour, je me suis mise en colère et j’ai frappé un garçon plus méchant que les autres avec un gros caillou que j’avais trouvé dans la cour. J’ai été punie. L’institutrice a dit que j’étais une caractérielle. Moi, je ressentais de l’injustice. Les autres, confortés par le soutien de l’institutrice, devenaient de plus en plus méchants avec moi. J’étais devenue la caractérielle. Toi qui es éducatrice, tu dois savoir. Quand on te met une étiquette sur le dos, tu finis par devenir ce qui est écrit sur l’étiquette.

 

J’étais de plus en plus souvent punie et je m’en foutais. Quand j’étais privée de récréation, je restais seule et les autres me laissaient tranquille. Il y avait deux mondes : moi et ma famille, puis les autres, le monde de méchants. Je ne faisais confiance à personne. Comme tu t’en doutes mes résultats scolaires étaient très mauvais. Une seule chose comptait pour moi, ma petite sœur et mes deux petits frères.

 

Les années passaient. Papa continuait à me faire des choses pas bien, maman à ne rien faire. Quelquefois je l’entendais " qu’est ce que tu as encore été faire chez la petite vieux salopard ". Maman savait et ne faisait rien, je me disais que c’était normal. Une fois j’ai voulu vérifier.

 

A l’école au cours de dessin, j’avais voulu montrer ce que me faisait mon père. L’institutrice m’a déchiré mon dessin, m’a mis un zéro, un de plus et a dit à toute la classe que j’étais une vicieuse. Je récoltais une nouvelle étiquette. J’étais une caractérielle vicieuse ou une vicieuse caractérielle. Comme on pouvait s’en douter j’entrais en 6ème avec deux ans de retard. Je pensais naïvement que l’arrivée au collège me permettrait un nouveau départ. Je déchantais rapidement. Certains camarades avaient annoncé que je me faisais tringler dans les chiottes. Je te jure Sandrine que c’est faux. J’ai horreur de faire ces choses. Ca me rappelle trop ce qui se passe avec mon père. Je sais maintenant que ça n’est pas bien. J’ai entendu parler des pédophiles, de l’inceste et je sais que c’est interdit. Mon père m’a dit que je devais garder le secret, que j’étais sa petite femme à lui, qu’il avait besoin de moi pour s’occuper des petits. Ce qui m’avait convaincu de plus à ne rien dire, c’est qu’il m’avait promis que si je parlais, il ferait la même chose à ma petite sœur. Je ne voulais surtout pas qu’il la touche, je voulais la protéger. Curieusement, l’attitude de maman avait changé. Depuis quelque temps, elle était devenue agressive vis-à-vis de moi. Elle me frappait souvent, elle aussi disait que j’étais une salope. Je finissais par croire que c’était vrai, que c’était ma nature. Puis, maman m’a laissée tranquille. Son état avait empiré, elle disait que c’était à moi de m’occuper de mes frères et sœurs quand elle ne serait plus là, comme si je ne le faisais pas déjà.

 

Au collège, ça ne s’arrangeait pas. Il y avait une fille, Nelly, qui disait être mon amie. Je lui ai tout raconté, ça m’a fait du bien de pouvoir tout dire à quelqu’un. C’était la première fois que j’accordais ma confiance. Un jour, Nelly et moi, on s’est disputées et elle a raconté tous mes secrets. Tout le collège savait. J’étais devenue la salope qui couchait avec son père. Je suis entrée dans une colère terrible. J’ai foncé sur Nelly, je l’ai griffée tant que j’ai pu. Il a fallu quatre surveillants pour me détacher d’elle. Je suis passée au conseil de discipline et j’ai été renvoyée du collège. Comme je n’avais que 14 ans et que l’école est obligatoire, une assistante sociale est venue me voir. Elle m’a dit que Nelly était à l’hôpital et que ses parents avaient porté plainte. J’étais devenue une délinquante. Caractérielle, vicieuse, salope et délinquante, voilà ce que je suis devenue. Mon père s’est mis dans une violente colère, il a pris sa ceinture et m’a frappée avec la boucle. Maman ne disait rien. J’étais seule. J’avais tout le monde contre moi.

 

Caractérielle, comportements violents, livrée à elle-même, adolescente maltraitée, en danger, c’est ce qui était marqué sur le papier du juge. C’est pour cela que je suis arrivée dans ton établissement. Je me souviens du premier jour. C’était pour une pré-admission. Moi je ne voulais pas venir. L’éducatrice de l’ASE qui m’accompagnait n’arrêtait pas de me dire que c’était pour mon bien et que je n’avais pas le choix. J’étais décidée à ne pas parler, à ne pas collaborer. Je baissais la tête. Mes cheveux me cachaient le visage. Le directeur est arrivé, un barbu grisonnant qui m’intimidait. Quand il m’a dit bonjour, je ne l’ai pas regardé. Je me suis contentée de lui tendre une main toute molle. Toi aussi tu étais là. Tu avais l’air gentille, mais je me méfiais de tout le monde. J’étais en guerre contre tous. Je ne me souviens plus trop ce qui s’est dit dans le bureau du directeur, j’avais la tête pleine de brume. Je crois me souvenir qu’il avait fait un schéma de ma famille, qu’il posait des questions à ma mère sur mes grands-parents, je ne comprenais pas où il voulait en venir. Maman a pleuré, moi aussi j’ai pleuré, alors le directeur a sorti une grosse boite avec des mouchoirs en papier. Elle était drôle sa boite, ça m’a fait rire. A la fin il m’a posé une question bizarre " est ce que tu aimes les chodoudous ? ". je l’ai regardé avec des yeux ronds et j’ai haussé les épaules. Toi, tu souriais. Il s’est levé, a fouillé dans une armoire et a sorti une bestiole en peluche. Il me l’a offerte. C’était comme une caresse. Je n’ai pu m’empêcher de sourire, c’est la seule fois où ça m’est arrivé. J’en avais oublié le rôle que je m’étais imposé de tenir, j’ai repris aussitôt ma position tête penchée, cachée derrière mes cheveux. Je commençais à me poser des questions. Cet endroit ne correspondait pas du tout à l’idée que je m’en étais faite. Quand tu m’as accompagnée dans le groupe pour la première fois auprès des autres filles je n’étais pas la caractérielle, la vicieuse, la délinquante. Je passais une bonne soirée. Je me sentais bien, comme si j’étais dégagée du poids de mes soucis habituels. Je n’ai jamais compris comment je me suis entendue dire le lendemain matin que j’étais d’accord pour venir ici.

 

Ce qui était super, c’est que le jour où je suis revenue tu t’étais débrouillée pour être de service et tu m’as accueillie. J’étais contente de venir, mais j’étais aussi inquiète pour mes frères et sœurs qui étaient restés à la maison. Qui s’en occuperait ?

 

 

Les premières semaines que j’ai passées dans le groupe étaient très bien. Je me sentais détendue. Je pouvais enfin penser à moi. Tu me parlais régulièrement de mon projet. Je commençais à penser que je pouvais espérer une vie heureuse. Cependant, j’étais toujours inquiète, surtout pour ma sœur. J’attendais impatiemment les retours en week-end pour me rassurer. Elle avait changé ma sœur, elle ne me parlait plus comme avant, je ne la voyais plus rire et s’amuser avec l’insouciance que je lui connaissais.

 

Puis, il y a eu ce week-end terrible où elle m’a tout raconté. Depuis que j’étais partie, papa s’occupait d’elle comme il s’occupait de moi avant. Mon cœur battait la chamade. J’avais la gorge nouée et je n’arrivais plus à avaler ma salive. J’avais mal au ventre. J’étais tétanisée. Progressivement, je sentais une colère terrible, une envie de meurtre contre ce père qui m’avait trahie, qui n’avait pas respecté notre pacte. Je m’étais engagée à ne rien dire s'il ne touchait pas à ma sœur. Il l’avait fait. Tant pis pour lui. En rentrant de week-end, tu n’étais pas là. J’attendais avec impatience que tu sois de service. Dès que je t’ai vue arriver, je me suis élancée vers toi pour te dire que je voulais te parler.

 

Et ensuite ! Tu en as parlé à ma référente. Vous avez fait un signalement. J’ai été interrogée par des policiers qui avaient l’air d’insinuer que j’étais une menteuse. Encore une nouvelle étiquette. Pourtant, je peux te dire Sandrine que je ne suis pas une menteuse. J’ai des défauts mais pas celui-là. Bien sur, j’ai fait quelquefois des petits mensonges mais jamais pour des choses importantes. Mon père a été convoqué. Il a nié. Ma mère aussi elle a nié, alors qu’elle savait. On m’a empêché de retourner en famille. Mes parents m’ont interdit de voir mes frères et sœurs. C’est la pire des choses qui pouvait m’arriver. Je pleurais des nuits entières seule dans mon lit. J’avais mal. Je ne savais plus quoi faire pour ne plus avoir mal. Tu te souviens, je m’étais tailladée les bras, puis le visage avec un cutter. Tu m’avais grondé en me demandant pourquoi. J’étais incapable de te répondre, je ne savais pas comment t’expliquer, comment te le faire comprendre. Ce qui s’est rajouté à ma douleur, c’est le jour où tu m’as dit que je t’avais déçue parce que j’avais été plusieurs jours sans aller à l’école. Je peux te le dire maintenant, j’étais partie guetter devant l’école de mes frères et sœurs dans l’espoir de les rencontrer. Une fois je suis allée leur parler. Mon père m’a vue. Il m’a poursuivie. Je me suis abritée dans un bus, il m’a fait des menaces à travers la vitre, je tremblais. Et puis quel intérêt d’aller à l’école quand on a plein de choses dans la tête. J’ai traîné du côté de la gare, j’ai rencontré des garçons qui m’ont proposé de boire un verre. C’était de l’alcool. Je me sentais euphorique et ça me soulageait. J’avais pris l’habitude de retrouver ces garçons tous les matins plutôt que d’aller à l’école. C’est eux aussi qui m’ont proposé mon premier joint. L’herbe et l’alcool me donnaient l’illusion de me soulager de ma douleur, de m’éloigner de mes problèmes. Je ne me rendais pas compte que je devenais agressive quand je manquais d’herbe. Tout le monde me disait que ça n’était pas dangereux. Je ne me méfiais pas. Ne me demande pas pourquoi moi qui étais si méfiante, j’ai pu faire une telle confiance à ces garçons. Je suis incapable de te répondre. Je pense que j’avais l’impression de m’engloutir et ils ont été les seuls à me donner une impression d’apaisement. Je ne te parle pas des bêtises qui ont suivi, tu les sais aussi bien que moi. J’étais prise comme dans un engrenage.

 

Du coté de ma famille, plusieurs mois s’étaient écoulés. Après les nombreux interrogatoires, plus rien ne se passait. Je ne pouvais toujours pas voir mes frères et sœurs. Cela me faisait tellement mal que je pensais devenir folle. Je faisais n’importe quoi. Un soir, je me suis assise sur l’appui de fenêtre de ma chambre au 2ème étage, les jambes à l’extérieur. Les éducateurs s’affolaient mais ne comprenaient rien. Le lendemain je prenais un journal et y mettais le feu au milieu de la salle à manger. Vous avez décrété que j’étais dangereuse. Moi, j’appelais au secours.

 

A Chaque fois qu’il se passait quelque chose dans le groupe, vous pensiez que c’était moi. Certaines filles en profitaient. J’étais devenue celle qui empêchait le groupe de bien fonctionner, la cause de tous les maux. Lors des réunions, j’étais toujours mise en cause. Je ne le supportais pas et je quittais la salle en claquant la porte. J’étais redevenue la caractérielle, la vicieuse, la délinquante. J’étais désespérée. Je pensais que je ne m’en sortirai jamais. J’avais une famille mais en réalité, je n’ai personne au monde. Je me sentais terriblement seule. C’est pourquoi, j’ai décidé cette fugue avec ces garçons beaucoup plus âgés que moi qui proposaient de m’héberger.

 

Je restais plusieurs semaines chez eux. J’apprenais par d’autres filles de l’établissement à qui je téléphonais que tu ne cherchais pas à me retrouver. Ca me désolait. J’espérais tant au fond de moi-même que tu arrives un jour et que tu m’emmènes dans tes bras.

 

Puis, c’est la police qui est venue et qui m’a ramenée. L’éducatrice qui était de service a été gentille avec moi. Elle m’a demandé si j’avais faim, m’a proposé de prendre une douche. Ce qui m’a fait vraiment plaisir, c’est que ma chambre était restée intacte. Personne n’avait touché à mes affaires. Quand je t’ai vue, tu m’as regardé froidement, tu ne m’as pas souri, tu m’as à peine parlé. Je sentais que tu m’en voulais. Dans les jours qui ont suivi, tu m’as parlé d’une visite de pré-admission dans un IRP. Tu m’as dit que là bas, ils avaient suffisamment de moyens, de personnel pour s’occuper de moi. Je sens que je n’ai pas le choix. Vous aussi vous allez me lâcher.

 

Pour finir, je dirai encore une chose. Cette histoire de nourriture qui a disparu du groupe. Tu m’as crue quand je t’ai dit que ce n’était pas moi. Je t’en remercie. Je peux te l’avouer maintenant. Tu l’as peut être su mais depuis quelques semaines, mes frères et sœurs sont placés dans des familles. Ma sœur est séparée de mes frères. Il n’y a aucune famille d’accueil qui pouvait prendre trois enfants en même temps. Elle n’a pas pu venir ici, elle est trop jeune. Pourtant ça nous aurait bien aidé elle et moi d’être ensemble. Pour revenir au vol de nourriture, l’un de mes frères m’avait téléphoné pour me dire que dans sa famille, on ne lui donnait pas à manger. Je l’ai cru et c’est pour cela que j’ai volé la nourriture dans le frigo. En fait, ça n’était pas vrai. Mon frère, il m’a dit ça parce qu’il s’était fait gronder par l’assistante maternelle. Tu pourrais me demander comment je peux prétendre tout à l’heure ne jamais mentir et t’avouer maintenant un mensonge. C’est parce que pour moi, cacher que l’on vole de la nourriture pour un enfant qui n’a pas à manger ce n’est pas important. Ce qui est important est de donner à manger à l’enfant. Je peux te jurer que jamais, je n’ai volé en dehors de cette nourriture pour mon petit frère.

 

Mais je ne peux pas promettre que j’irai à l’école, que je ne fuguerai plus, que je ne ferai plus de bêtise. Les difficultés qui me submergent sont beaucoup trop fortes pour cela. Je peux supporter que tu me grondes, je l’espère même parfois, mais j’ai besoin que tu m’accordes du temps pour arrêter mes bêtises.

 

Alors si tu ne peux pas accepter ce contrat, je partirai dans cet IRP et peut être même que ce sera mieux. Sandrine, je te remercie beaucoup pour tout ce que tu m’as donné, ainsi que les autres éducateurs. Et si je pars à l’IRP, s’il vous plait, ne gardez pas de moi une mauvaise image. Enlevez moi les étiquettes.

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7 mars 2005 1 07 /03 /mars /2005 00:00

 

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Les cinémas du Nord-Pas de Calais

De 1896 à aujourd'hui

 

Depuis un siècle, le cinéma fascine. Dès les premières séances dans la région en 1896 dans des théâtres ou dans des baraques foraines, jusqu’aux multiplexes géants d’aujourd’hui, le cinéma touche toutes les catégories de la population. Dès sa naissance, il a conquis les villes et est rapidement devenu le loisir n°1 des français.

Région peuplée et ouvrière, propice à l’avènement d’un loisir de masse, le Nord-Pas-de-Calais est un terreau fertile pour ce divertissement populaire. De la métropole lilloise jusqu’aux petits villages de l’Artois ou de l’Avesnois en passant par les grands ports et le bassin minier, la région entière s’est couverte d’un maillage dense de salles.

Sur 200 pages truffées d’informations, d’anecdotes et de nombreux documents les plus variés, Daniel Granval et Olivier Joos retracent la grande, comme la petite histoire, de cette aventure passionnante qui touche toutes les générations.

 
     
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6 mars 2005 7 06 /03 /mars /2005 00:00

L’ILLUSION DU DROIT DES USAGERS DANS LE TRAVAIL SOCIAL

Audrey, 16 ans, est placée dans un foyer d’adolescentes depuis 3 mois. Elle est accueillie dans un des groupes de vie avec 11 autres filles de 14 à 17 ans. Audrey n’a pas le moral en cette soirée de décembre. Les fêtes approchent et elle sait qu’elle n’aura pas la chance comme les autres copains de classe de les passer en famille. Au lycée, les conversations vont bon train sur ce que chacun fera à Noël et Nouvel An. Audrey pense à son père qui a refait sa vie avec une autre femme. Elle n’a jamais aimé la nouvelle compagne de son père qui d’emblée a voulu s’imposer comme sa nouvelle maman. Alors, elle a fait des bêtises pour lui montrer qu’elle n’avait pas d’autorité sur elle. Ca a été terrible pour elle quand elle s’est rendue compte que son papa prenait partie pour la marâtre. Après le chagrin, il y a eu la colère et de nouvelles bêtises. Audrey ne veut pas retourner avec cette femme, mais son père lui manque.

Elle pensait à tout cela et sentait venir ses larmes quand Cindy et Aurélie sont venues la voir. " Demain, c’est samedi, si on allait au cinéma ensemble ? ". " On ira voir le monde de Nemo, c’est un dessin animé, mais il paraît que c’est tordant ". Audrey se réjouit à l’idée de cette soirée. Elle en parlera aux éducateurs en rentrant et rappellera ses copines pour confirmer le rendez-vous.

En ce vendredi soir, c’est l’effervescence dans le groupe. C’est le jour des grands ménages comme on dit dans l’établissement. L’éducatrice est occupée et Audrey doit attendre qu’elle soit disponible. Des filles râlent dans tous les coins. " A quoi ça sert de nettoyer cette pièce, c’est propre ? ". " Pourquoi ne pas faire ça demain ? ". " Non ", répond l’éducatrice, " les grands ménages c’est le vendredi ".

Il est presque l’heure du repas, Audrey réussit enfin à " capter " l’éducatrice. " Véronique, mes copines m’ont proposé d’aller avec elle au cinéma demain soir. Je peux y aller ? ".

" Audrey tu sais bien qu’il faut demander les autorisations de sortie le week-end au plus tard le mercredi soir pour qu’on puisse en discuter en équipe à la réunion de jeudi ". " S’il te plaît ! " supplie Audrey. " Pour une fois, vous ne pouvez pas faire une exception ". " Si je te dis oui à toi, les autres voudront que je le fasse aussi pour eux, c’est pas possible ".

La déprime de l’après-midi remonte dans la tête d’Audrey avec encore plus d’intensité. " Quels cons ces éducateurs ? ". Elle aime pourtant bien Véronique mais là, elle en a marre.

Ù Peut-être ira t-elle pleurer dans sa chambre ?

Ù Peut-être sortira t-elle quand même sans autorisation et récoltera t-elle le lot de punitions prévues dans ces cas là et qui renforceront encore plus son sentiment d’injustice ?

Je vous laisse imaginer la suite.

On peut penser que les éducateurs sont (l’éducatrice est) des imbéciles dans cette histoire mais ce serait sans doute un jugement prématuré. Il serait peut-être intéressant avant, de connaître l’histoire de Véronique.

Quand elle est arrivée à 16 heures, elle a été appelée par Marie-Jeanne, l’éducatrice chef, qui lui a reproché que les chambres sont mal rangées quand Véronique est de service. Véronique ne comprend pas très bien la remarque, car elle trouve que les chambres étaient mieux rangées que la sienne. On est quand même pas dans un couvent. Elle ne répond rien et promet de faire attention. Elle profite de sa présence dans le bureau de la chef pour lui demander son accord pour organiser une sortie à Eurodisney dans 10 jours, lors de son prochain week-end. La chef de service refuse. Il faut déposer les projets deux semaines à l’avance. Dépitée, Véronique retourne dans son groupe pour affronter les filles qui vont devoir faire leurs " grands ménages ". Quelle conne cette chef de service.

Pas tant que ça pourtant…

La réunion de l’équipe de direction ne s’est pas bien passée ce vendredi matin. Le directeur a reproché aux chefs de service la mauvaise tenue des groupes. Ils ont à présent l’obligation de faire le tour de leur groupe en arrivant le matin. Rien ne doit traîner dans les chambres. Marie-Jeanne a essayé d’avancer l’argument que nous accueillons des adolescents en difficultés de surcroît et qu’on ne peut obtenir d’eux des comportements comme les enfants de la comtesse de Ségur. Le directeur a coupé net en précisant qu’il n’y avait pas à en discuter. Il en profita pour rappeler vivement certaines règles et certaines consignes. En plus les chefs de service doivent pratiquement contraindre les personnels et les jeunes à vendre des billets pour la tombola annuelle de l’association.

Ce con de directeur (car comme pour les autres on pourrait dire qu’il est con) est effectivement arrivé ce matin de mauvaise humeur. Il n’a pratiquement pas dormi de la nuit. La journée d’hier a été infernale pour lui. Il y a d’abord eu cette lettre au courrier en provenance du siège de l’association. Elle était signée du directeur général qui lui reprochait suite à une visite impromptue du président, la mauvaise tenue de son établissement.

Puis, il y a eu cet appel téléphonique de Melle Martin aux services administratifs du département qui lui reprochait que le nombre de journées n’était pas atteint. Qu’est ce qu’il y pouvait ? La dernière ministre des affaires sociales comme ses prédécesseurs s’imagine que les placements coûtent chers. Comme ses prédécesseurs, elle a envoyé des consignes pour limiter au maximum les accueils en établissements. Et tant pis si on retrouve les situations six mois plus tard, devenues complètement ingérables. Enfin, il y a eu l’inspecteur du travail qui a visité l’établissement hier après midi et fait l’inventaire de toutes les situations dans lesquelles l’établissement ne respectait pas la législation du travail ! S’il fallait tout faire comme il le dit, on ne pourrait plus s’occuper des jeunes. Il n’y a plus qu’à fermer l’établissement. Et pour clôturer le tout, il y a eu ce matin le recommandé de la commission de sécurité qui reprochait de ne pas avoir effectué les contrôles des installations électriques qui pourtant ont été faits l’année précédente.

On pourrait continuer la chaîne et voir Melle. Martin se faire reprocher par les politiques des taux d’absentéisme trop importants dans les établissements, l’inspecteur du travail qui se voit reprocher son laxisme par les syndicats ou sa hiérarchie, le directeur général de l’association qui subit la pression de son président.

Cette histoire que je viens de vous raconter et dont toute ressemblance avec des personnes existants ou ayant existé n’est pas due au hasard, montre bien la complexité pour faire évoluer les pratiques et qu’il ne suffit pas de lois, de décrets pour que ça change.

On peut considérer qu’il y a une chaîne dont une extrémité se situe au niveau des dirigeants du pays et du législateur et l’autre extrémité au niveau des usagers. La première extrémité induit des pratiques qui se répercutent sur la seconde. Cependant, les maillons intermédiaires peuvent assumer des positions rebelles qui influenceront les pratiques dans un autre sens, et cela peut se reproduire à plusieurs reprises.

Ainsi, par exemple, un directeur peut apporter de l’humanisme dans un système bureaucratique. Mais, on lui fera payer cher. Un chef de service peut rigidifier des règles dans une entreprise au management participatif. Un éducateur donnant priorité à la qualité de la relation n’appliquera pas avec bonne volonté des consignes rigides. A l’inverse, celui qui cherche en priorité sa tranquillité ne fera pas de gros efforts pour mettre en place un projet individualisé avec les enfants.

Dans la petite histoire de tout à l’heure, on peut imaginer que Véronique ne cherche pas l’affrontement avec son chef de service mais qu’elle s’arrangera pour ne pas apporter trop d’obsession à l’exécution des grands ménages. On peut imaginer aussi que le directeur réagisse auprès de sa direction générale et tente d’expliquer ses concepts éducatifs. Dans certains cas, ça peut marcher. Dans d’autres cas, il sera amené à proposer ses services ailleurs.

Quoiqu’il en soit, c’est quand même dans les maillons les plus élevés de la chaîne que la responsabilité est la plus grande. Si les éducateurs maltraitent des enfants dans un établissement, c’est probablement que la direction de celui-ci a fait preuve d’un certain laxisme. Si un directeur dirige en patriarche et abuse des adolescents, c’est que la gestion de l’association laisse à désirer et que les pouvoirs publics ne réagissent pas.

Je proposerai maintenant quelques exemples qui révèlent les blocages aux plus hauts niveaux et qui nuisent à une bonne qualité de la prise en charge éducative dans nos institutions.

En premier lieu, il y a le législateur. Parmi les lois votées ces dernières années, certaines sont catastrophiques. Il y a là un paradoxe évident. D’un côté, le code de la famille, la loi 2002 et de l’autre la législation du travail.

La RTT en regorge. Depuis le fameux " c’est la faute aux 35 heures ", comme je n’aime pas être récupéré, je précise que ce n’est pas le principe des 35 heures qui est à remettre en cause, mais l’extrême rigidité de son application. Il faut signaler également que les dés étaient pipés au départ. Pour obtenir les aides de l’état il fallait un accord de branche. Cet accord devait être conclu à une date butoire. Et c’est ainsi que nous sommes soumis à des règles incompatibles avec des horaires d’internat. Les horaires découpés déstabilisent les enfants et les personnes en difficulté prises en charge. De surcroît, ça ne satisfait pas les salariés qui font des allers et retours plus nombreux et perdent le temps gagné dans les trajets. La nouvelle organisation du travail qui en découle a amené les responsables d’établissement à réduire les temps de réunion et les doublures dans les groupes. Comme un éducateur qui a terminé son service à 22h30 ne peut pas travailler avant 9 h30, les réunions démarrent une demi heure plus tard. De nombreux établissements ou services on renoncé aux séjours de vacances qui contribuent pourtant à une bonne relation entre les enfants et les adultes. Ceux qui continuent à en faire ne peuvent pas respecter les textes et s’exposent à des conflits ou des sanctions. Même les excursions d’un dimanche sont remises en cause. Par exemple une sortie à la mer qui implique une journée de travail de plus de 12 heures ?

Voilà pourquoi, quand j’entends ou je lis des propos de la part de responsables d’établissements qui prétendent d’une part que la personne accueillie est au centre de leurs préoccupations et qui d’autre part disent qu’il faut pouvoir exercer notre métier avec ces contraintes, je me dis ou je rêve, ou je suis sur une autre planète, ou c’est le délire. Il est de bon ton de dire que l’usager est au centre de nos préoccupations. Personne actuellement n’oserait dire le contraire. Encore faut-il que cela se traduise concrètement par des faits !

Les aberrations de la législation du travail ne sont pas spécifiques aux trente cinq heures. Depuis dix ans nos technocrates, toutes tendances confondues nous ont généreusement abreuvés en conneries. Voici par exemple le problème des avenants aux contrats à temps partiels :

Dans un groupe, Pierre un éducateur est en arrêt maladie. Céline sa collègue est salariée à mi-temps. Elle ne demande pas mieux que de travailler à temps plein. Le directeur de l’établissement est intéressé par cette proposition, ça lui évite de passer du temps à recruter. Le chef se service est satisfait de ne pas devoir intégrer une nouvelle personne dans l’équipe. Les collègues sont heureux qu’une solution rapide soit trouvée avec quelqu’un qui connaît le fonctionnement du groupe. Enfin, les jeunes ne seront pas déstabilisés par l’arrivée d’une nouvelle personne. Un avenant au contrat de travail est envisagé pour une durée déterminée. Oui mais voilà, l’inspecteur du travail dit que c’est interdit. Ce sont des heures complémentaires déguisées. Le directeur qui travaille avec une entreprise de restauration collective sait que celle-ci utilise souvent ce procédé. Il contacte le service juridique de cette entreprise. La réponse est claire : c’est possible. Pour eux, il n’y a pas de doute.

1 partout, la balle au centre.

Le directeur, prudent va voir son avocat qui lui confirme la version de l’inspecteur du travail. Il interroge son syndicat employeur qui lui fait la même réponse que l’entreprise de restauration collective.

2 partout, la balle au centre.

Un peut têtu, il écrit à l’inspecteur du travail et lui demande ce qu’il doit répondre à un salarié à temps partiel qui fait valoir sa priorité pour un poste à temps plein. (art. L212-4-9). La réponse là aussi est claire : Un remplacement pour arrêt maladie ne peut être proposé à un temps partiel. Tant pis pour les jeunes, pour les collègues et pour la salariée qui aurait apprécié ce CDD à temps plein.

On voit bien par cet exemple que plus personne ne s’y retrouve, que les lois sont devenues d’une telle complexité que non seulement les usagers n’y trouvent pas leur compte mais ceux qu’elles sont censées protéger non plus.

Les comportements des politiques sont aussi souvent contradictoire avec l’intérêt des personnes accueillies. Par exemple dans le Pas-de-Calais, un pseudo schéma départemental qui relève plus d’un état des lieux que d’un projet soulignait il y a dix ans, un excédent de places sur le littoral (Boulogne et Calais) et un manque important dans les secteurs de Lens et Béthune. De ce fait, un nombre important d’enfants sont placés à plus d’1 h30 de trajet de chez eux. Un des établissement de la côte était vétuste et a été complètement reconstruit à neuf. Un politique du coin bien placé a fait valoir les intérêts locaux avant ceux des enfants concernés. Et après on nous dira : " travaillez avec les familles, favorisez le rapprochement ".

Autre exemple : Combien de grosses associations servent à promouvoir la carrière politique de leur président ? Je ne dis pas que c’est toujours comme ça. Pour les reconnaître c’est facile. Elles fonctionnent comme les commerçants qui ont une superbe vitrine et qui vous arnaquent à l’intérieur. Les critères sont : pelouses bien tondues, aucune bosse ni griffe sur les véhicules sur lesquels figure en grand le logos de l’association, locaux tellement bien rangés qu’on se demande si quelqu’un y vit, salariés mal vus s’ils ne sont pas adhérents à l’association, l’ordre du jour des réunions est composé en majorité des aspects financiers et pratiquement pas des questions éducatives.

Les administrations fonctionnent de plus en plus dans la bureaucratie. Les décrets qui paraissent actuellement sur l’application de la loi 2002-2 confirment cette tendance. On apprécie un établissement non pas en fonction de sa capacité à répondre aux besoins, mais en fonction de celle qu’il a à réaliser l’activité prévue.

Stratégiquement, un établissement a donc plus intérêt à sélectionner des non fugueurs pour ne pas perdre de journées. Mais si l’on considère que la fugue est un symptôme et un moyen par lequel l’adolescent lutte pour échapper à sa souffrance, ce n’est pas l’intérêt de l’enfant ici qui est la priorité.

Qu’on parle de bonnes pratiques, de droits des usagers, de lois 2002-2, de nouveau code de la famille, de tout ce qu’on veut. Si au niveau culturel, les mentalités n’évoluent pas, si chacun d’entre nous en tant que citoyen accepte toute ces anomalies sans réagir, toutes ces bonnes intentions ne seront que vaines paroles.

Malheureusement, il faut constater que si nous avons pu bénéficier de certaines avancées dans les années 80, nous reculons sérieusement depuis 10 ans.

J’avais pensé dans un premier temps me limiter aux arguments que je viens de vous présenter en les étayant un peu plus. Il m’a semblé cependant que ce n’était pas suffisamment constructif de se limiter à exposer toutes ces défaillances et de vous laisser avec ça. Autrement dit, critiquer c’est bien, mais c’est encore mieux quand on a quelque chose à proposer.

Les technocrates et les bureaucrates ont toujours existé et il y a toujours dans l’histoire des hommes, des personnes pour leur résister et défendre des valeurs humanistes. Je vous ferai donc une proposition aujourd’hui. Pour réinverser le processus, je propose de résister et de prendre le pouvoir. Attention il ne s’agit pas de n’importe lequel. Quand je parle de pouvoir, j’aime bien évoquer le village d’Astérix. Le petit village gaulois expose parfaitement les différents types de pouvoirs qui existent dans une société. Nous le laisserons donc celui d’Abraracourcix qui est le pouvoir formel occupé par les technocrates. Celui d’Assurancetourix, le bouc émissaire, à moins d’être maso est peu tentant. La force d’Obelix peut régler certains problèmes dans l’urgence, mais ne règle rien sur le fond. Je céderai volontiers le pouvoir charismatique du druide aux intellectuels, aux philosophes qui sont peut être, dans l’histoire qui nous concerne, ceux qui assument le mieux leur position. Je fais partie dans le Pas-de-Calais d’un regroupement de directeurs d’établissements. Nous organisons régulièrement des journées d’études.

A chaque fois, nous éprouvons le besoin de faire venir un philosophe, un ou plusieurs psychanalystes qui nous disent ce que nous devons faire, en prenant bien garde de ne pas prendre le risque de nous expliquer comment le faire. Ils ont au moins le mérite de nous inviter à réfléchir et à penser. Cela évite l’inertie. Il reste donc un pouvoir et c’est celui là que je propose de prendre, celui d’Astérix, celui de l’intelligence, du savoir et de la compétence.

C’est à nous professionnels de nous constituer des outils performants qui nous permettront d’obtenir des résultats dans nos actions. Ces outils aboutiront sur des évaluations qui démontreront notre savoir-faire et inciteront nos partenaires à nous respecter.

La loi 2002/2 propose deux grandes orientations. Les projets individualisés et le travail avec les familles. Alors constituons nous des outils qui nous permettront de travailler dans ces deux domaines.

Alors là, attention ! Je me permettrai de vous mettre en garde contre les méthodologies toutes faites qui peuvent être proposées ici ou là. Le plus souvent, elles sont très séduisantes en théorie, mais lorsqu’il s’agit de les appliquer sur le terrain, c’est une autre histoire. Il faut que ces outils soient simples d’usage, flexibles et adaptés au contexte dans lequel ils s’appliquent. Ainsi, par exemple au niveau des projets individualisés, un psychologue dans un C.M.P.P. n’élaborera pas le même outil qu’un éducateur d’une M.E.C.S.

Puisque nous en sommes au projet individualisé, parlons en. Dans les années XXIV, ils sont obligatoires depuis plus de dix ans. J’ai vu de nombreux projets qui n’avaient aucun sens, qui étaient rédigés en 5 minutes et classés dans le dossier. On voit par-là que les lois ne suffisent pas à faire évoluer les pratiques.

Je dirai pour être bref que dans le projet individualisé, il doit y avoir deux ingrédients essentiels. Le reste, c’est de l’assaisonnement qui sert à améliorer.

Il faut :

1) de l’évaluation avant, pendant et après. Avant la prise en charge pour cerner la problématique et vérifier si nous avons les moyens et les compétences pour la résoudre. Si ce n’est pas le cas, il est plus honnête d’y renoncer.

Pendant, afin de vérifier si on ne s’est pas trompé de problématique, si les objectifs sont pertinents, si les moyens sont adéquats et si la personne est prête pour ce projet. Que d’énergie et de temps gaspillés tout simplement parce qu’on a pas pris la peine de vérifier ces quelques points !

Après, afin de ne pas larguer la personne vers un ailleurs, sans qu’elle sache où elle va, afin de prendre les bonnes décisions pour cette personne et dans la mesure du possible avec elle et cerise sur le gâteau pour démontrer autour de nous notre savoir-faire et ainsi acquérir le pouvoir d’Astérix.

2) Le deuxième ingrédient, c’est d’apporter dans ces projets du concret. Développer l’autonomie du petit Marcel, ça ne veut rien dire. Le concret c’est quelque chose qui met souvent les éducateurs en difficultés. Il y a certains domaines où ça va à peu près bien comme le scolaire par exemple. Avoir 12 en maths, ça c’est facile. Si on reprend l’exemple de l’autonomie, on peut proposer à Marcel de savoir lacer ses chaussures tout seul pour la fin du mois par exemple. En fait, pour vérifier si un objectif est suffisamment concret, il suffit de poser la question, " comment je vais savoir que l’objectif est atteint " ? " Qu’est ce que je verrai ou entendrai qui me permettra de l’affirmer " ? Si je vois Marcel lier seul ses lacets, l’objectif est atteint.

Si non…

Lorsque nous aurons développé certaines compétences et un certain savoir-faire qui sera reconnu, alors nous n’aurons plus peur de voir arriver les évaluateurs de la loi 2002-2 à qui nous pourrons demander qui ils sont, ce qu’ils ont fait et ce qu’ils savent faire et si éventuellement il existe quelque part des écrits qui font part de leurs compétences à eux, car nous voulons bien être évalués mais par des gens qui ont au moins notre niveau. C’est peut-être là d’ailleurs qu’intervient le rôle d’organismes comme les U.R.I.O.P.S.S. qui pourraient défendre auprès des pouvoirs publics que les évaluateurs soient des techniciens qui ont les compétences requises.

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6 mars 2005 7 06 /03 /mars /2005 00:00

 

Bon de commande

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Projets individualisés              _____X 17.00 = ___________ 

 

Histoire cinémas Merville       ______X 12.20 = __________

Histoire cinémas Merville       ______X 12.20 = __________

 

Merville hier et aujourd'hui    ______X 18.00 = __________

Merville hier et aujourd'hui    ______X 18.00 = __________

Les cinémas du Nord-PdC      ______X 30.00¹ = __________

Frais d’envoi 3.48 pour un livre

                    2.65 par livre supplémentaire       __________

TOTAL :                                                           ___________

¹ 25,00 euros si vous commandez ce livre avant le 3 avril 2005

A PARTIR DE 3 LIVRES ACHETES, 10%  de remise

Adolescents difficiles               _____X 23.00 = ___________Projets individualisés              _____X 17.00 = ___________ Histoire cinémas Merville       ______X 12.20 = __________Merville hier et aujourd'hui    ______X 18.00 = __________
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6 mars 2005 7 06 /03 /mars /2005 00:00

Daniel GRANVAL

LE PROJET INDIVIDUALISE EN TRAVAIL SOCIAL

L’HARMATTAN 2001

 

 

Ce livre a pour objet d’apporter une aide concrète aux éducateurs qui souhaitent pratiquer les projets individualisés. Plutôt que de leur dire ce qu’ils doivent faire, l’auteur a préféré leur expliquer comment ils peuvent s’y prendre pour utiliser cet outil devenu fondamental dans le travail social. Il est parti de son expérience, de sa propre pratique, de ses recherches et de ses investigations personnelles pour aboutir non pas sur une méthodologie, mais sur une sorte de mode d’emploi d’une pratique de plus en plus utilisée, mais pas toujours explicitée.

Dans un style direct et intelligible, l’ouvrage de Daniel Granval permet aux éducateurs de trouver les bases d’un travail éducatif en équipe et des réflexions sur la prise en charge des personnes en difficulté.

Reposant sur une expérience réfléchie, ce livre devrait permettre à de nombreux éducateurs, dans tous les domaines du travail social d’apporter un meilleur service aux enfants, aux jeunes et aux adultes dont ils assurent la prise en charge éducative.

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6 mars 2005 7 06 /03 /mars /2005 00:00

Daniel GRANVAL

ADOLESCENTS DIFFICILES, 

ETABLISSEMENTS ET AIDE SOCIALE :

COMMENT AMELIORER ?

Vers une mutation de l’accompagnement éducatif des adolescents

L’Harmattan – 2002.

 

L’auteur constate un paradoxe entre le discours général qui est d’augmenter la qualité de l’action menée en faveur des adolescents en difficulté d’une part et les décisions diverses qui contribuent à obtenir l’effet inverse d’autre part. La loi sur les trente-cinq heures, les évolutions de la législation amènent à penser comme il l’écrit " qu’il vaut mieux être salarié que jeune en difficulté ". Daniel Granval ne pratique pas la langue de bois. Sans céder à la facilité de la polémique, il n’hésite pas à dénoncer les travers des politiques manœuvrières, des administrations froides et prudentes et de ceux qui savent bien profiter du système. Il en décrit les incidences sur l’action éducative et l’accueil des jeunes en difficulté dans les internats. Il pose alors la question : Sera t-il encore possible dans un proche avenir d’accueillir des adolescents sous la forme actuelle des internats traditionnels ?

 

Des expériences innovantes existent un peu partout en France, permettant aux éducateurs de s’adapter aux nouvelles donnes et de réaliser un travail remarquable. L’auteur en a sélectionné quelques unes qu’il présente dans la deuxième partie de l’ouvrage. Il termine par la présentation de projets qui pourraient être mis en place et contribuer à la configuration des établissements de demain.

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6 mars 2005 7 06 /03 /mars /2005 00:00

A propos " D’adolescents difficiles,

 établissements, aide sociale,

comment améliorer ? "

 

" Monsieur Granval, pourriez-vous me donner un autre de vos livres, j’ai offert le mien à des amis qui ont des problèmes avec leur fils de seize ans ? " La première fois qu’on m’a posé cette question, j’étais surpris. J’avais écrit "adolescents difficiles, établissement, aide sociale, comment améliorer " à l’intention des professionnels de l’Aide Sociale à l’Enfance. Il se trouve, que cet ouvrage intéresse tout autant, sinon plus, les particuliers. Ma femme de ménage qui a vu un exemplaire traîner sur la table de la salle à manger me l’a emprunté, et après l’avoir lu, elle a tenu absolument à l’acheter. Intrigué, j’ai voulu savoir pourquoi ces gens qui n’étaient pas du métier s’intéressaient tant à ce livre. Les réponses qui m’ont été faites sont surprenantes. Grâce à lui, des parents ont compris ce qui se passait dans leurs relations avec leurs enfants adolescents. Le fait de comprendre, leur a permis de trouver les solutions.

En fait, c’est cela qui fait son originalité et son attrait surprenant. Le livre ne prétend pas apporter des solutions aux problèmes que l’on peut rencontrer avec les adolescents, mais il permet à chacun de comprendre ce qui se passe et de puiser dans ses propres ressources, ses propres solutions, car ce qui convient à l’un, ne convient pas forcément à un autre.

Daniel Granval

Juin 2003.

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6 mars 2005 7 06 /03 /mars /2005 00:00

Club Ciné Merville 1999 - 96 pages. 12.20 E

Des premières projections foraines au tout nouveau cinéma actuel, L’histoire du cinéma à Merville   démontre à quel point le cinéma, ce lieu magique, a eu de l’importance dans l’existence de gens ordinaires. Ce livre qui cumule anecdotes, aventures et mésaventures est enrichi de documents rares. Il analyse aussi avec humour et nostalgie la guerre entre le cinéma privé et le cinéma paroissial, ainsi que les fonctionnements -parfois ahurissants- de ces salles à travers les décennies. Ce livre, produit par le Club Cinéma de Merville, passionnera les amateurs d’histoire locale mais aussi les " mateurs " des salles obscures.

  Le Modern et le Familia sont deux endroits où des milliers de Mervillois ont ressenti toutes sortes d'émotions. C'était l'époque où n'existait pas la télévision, où la seule possibilité de voir un film était la salle de cinéma.

    Avant la construction de ces salles de spectacle, le cinéma existait déjà depuis plusieurs dizaines d'années et des projections étaient proposées aux Mervillois avant la première guerre mondiale.

   Le lecteur découvrira des évènements parfois cocasses sur ces projections itinérantes.

    Ce petit livre est dédié à tous ceux qui aiment ou ont aimé le cinéma, et particulièrement à ceux qui y ont donné beaucoup de leur temps et de leur énergie.

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5 mars 2005 6 05 /03 /mars /2005 00:00

Depuis un siècle, le cinéma fascine. Dès les premières séances dans la région en 1896 dans des théâtres ou dans des baraques foraines, jusqu’aux multiplexes géants d’aujourd’hui, le cinéma touche toutes les catégories de la population. Dès sa naissance, il a conquis les villes et est rapidement devenu le loisir n°1 des français.

Région peuplée et ouvrière, propice à l’avènement d’un loisir de masse, le Nord-Pas-de-Calais est un terreau fertile pour ce divertissement populaire. De la métropole lilloise jusqu’aux petits villages de l’Artois ou de l’Avesnois en passant par les grands ports et le bassin minier, la région entière s’est couverte d’un maillage dense de salles.

Sur 200 pages truffées d’informations, d’anecdotes et de nombreux documents les plus variés, Daniel Granval et Olivier Joos retracent la grande, comme la petite histoire, de cette aventure passionnante qui touche toutes les générations.

Pour commander le livre : CLUB CINEMA DE MERVILLE

5, rue des Lilas    59660 MERVILLE

Joindre votre paiement : 30 euros (25 si la commande est faite avant le 3 avril) + les frais de port : 3,48 pour le premier ouvrage et 2,65 par livre supplémentaire

 

 

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