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19 mai 2019 7 19 /05 /mai /2019 20:44

Faut-il se formaliser d'une palme pour Delon ?

 

Une palme d'honneur accordé à Alain Delon au Festival de Cannes, voilà de quoi effaroucher les minettes féministes qui lancent une pétition. Certes, le personnage de Delon n'est guère sympathique et le festival de Cannes n'est pas à une faute de goût près. Peut-être aurait-il été plus judicieux de rendre un hommage posthume à Annie Girardot à qui le rustre Delon envoya une gifle magistrale lors d'un tournage parce qu'elle avait largué son ami Tornatore.

 

Par cette démarche les suffragettes ont plus de chance d'obtenir l'effet inverse de ce qu'elle recherchent. Les délégués généraux du festival, qu'ils s'appellent Jacob ou Fremaux sont susceptibles et supportent mal les ingérences dans leurs affaires. Et puis après tout, on s'en tape de cette palme « d'honneur » qui ne sera qu'un moment éphémère et vite oublié.

 

Cela ne doit pas nous faire négliger la qualité de la sélection du cru 2019 qui me fait presque regretter de ne pas m'y être inscrit. Nous y retrouvons les grands noms que Canne a « créé » : Tarentino, Almodovar, les frères Dardenne, Arnaud Desplechin, Claude Lelouch et Jim Jarmush. Les ingrédients sont là pour que cette année Cannes soit un bon cru et surtout que la programmation des salles, submergées par les Marvel et autres kyrielles, nous apporte enfin des films dignes d'intérêt.

Pour terminer, une petite note à l'intention de ceux qui prétendent qu'Alain Delon serait le plus grand comédien français. Non Messieurs Dames. Delon ne joue pas la comédie, il interprète Delon. Il y a tant d'autres comédiens qui méritent notre estime : Jean Paul Belmondo, Philippe Noiret, Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Jean Gabin, Lino Ventura, Bernard Blier, Jean Lefebvre, André Bourvil et tant d'autres encore !

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27 avril 2019 6 27 /04 /avril /2019 17:17

A PROPOS DES EXCES DE VITESSE DANS MERVILLE

 

Certes, rouler à 158 km/h en agglomération c'est faire preuve d'une grande bêtise et d'une inconscience totale, même dans une commune qui accueille chaque année un rallye. Cependant il ne faut pas considérer ces exceptions comme des généralités. Il ne s'agit pas de tomber dans le « périchonnage » et de préconiser suite à cela des mesures idiotes du style des 80 km/h.

 

La grande majorité des Mervillois conduisent correctement et certains excès de vitesse sont à relativiser. Une analyse des informations parues dans le dernier Merville Infos permet de constater que les limitations de vitesse sont surtout respectées là ou elles sont adaptées correctement au contexte. C'est le cas des 50 km/h dans la rue de fer par exemple. Cette restriction est parfaitement justifiée.

Nous constatons que lorsque les limitations sont trop restrictives et faites en dépit du bon sens elles sont moins respectées. Par exemple, rue Victorine Deroide. La limitation à 30 est applicable dès l'entrée dans la rue en venant du centre jusque pratiquement l'intersection avec la rue du fin cornet C'est particulièrement pénible le soir ou en milieu de journée. Son application est valable aux moments des entrées et sorties du collège, mais le reste du temps ?... On nous fait valoir l'argument fallacieux de la présence d'une résidence pour personnes âgées et d'une maison d'enfants. Je ne vois pas les résidents de ces deux établissements traverser la rue toutes les cinq minutes. Cette restriction de circulation est une hérésie et je comprend parfaitement qu'il n'y ait que 16 % des automobilistes qui la respectent. Il en est de même sur la digue d'Artois où ils ne sont que 17 % à respecter le 30 à l'heure. Par contre, ça fait froid dans le dos de constater des vitesses à plus de 130. Cela démontre bien que ce n'est pas en réduisant la vitesse autorisée d'une route qu'on empêche les crétins d'être cons.

 

Dans les rues Gambetta et Pringuet où la vitesse autorisée à 50 est appropriée ils sont respectivement 88% et 82% à la respecter.

 

La municipalité a eu le bons sens ces derniers temps d'installer des feux intelligents rues Ferdinand Cappel et Docteur Rousseau, ainsi qu'au pont de pierre. Et c'est efficace. Pourquoi ne pas faire preuve du même bon sens rue Victorine Deroide ? La technologie actuelle permet d'installer des panneaux indiquant des vitesses autorisées variables. Certaines communes des environs en sont équipées.

 

 

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22 février 2019 5 22 /02 /février /2019 14:40

En préalable à toutes propositions dans le cadre du débat national il me paraît nécessaire de réfléchir sur les valeurs qu'elles porteront. La France s'appuie sur trois principes : LIBERTE – EGALITE – FRATERNITE. Qu'en est-il en réalité ?

 

Les libertés se réduisent comme peau de chagrin. Je constate régulièrement des choses que je pouvais faire il y a cinquante ans qui sont aujourd'hui interdites. Se baigner dans la rivière par exemple. Elles sont sacrifiées au nom de la sécurité et de la rentabilité.

 

L'égalité brille par son absence. Notre pays est devenu un système tout à fait inégalitaire que dénoncent les gilets jaunes. C'est le retour vers « Germinal ».

 

La fraternité existe bien. Elle est portée essentiellement par des citoyens dans le cadre associatif qui est très développé dans notre pays. Les résurgences des comportements nazis constatés ces derniers temps risquent de la mettre à mal dans un proche avenir.

 

C'est donc en m'appuyant sur les valeurs déclarées de notre pays que nous partageons (presque) tous que je présente mes propositions et ma participation à ce « grand débat ».

 

1, Du point de vue libertés

 

Quand le Président Macron annonce qu'il va faire des lois pour régler la question des petits « nazillons » qui sévicent à nouveau dans notre pays j'ai le sentiment qu'il est inconscient ou incompétent. Depuis des années lorsqu'un problème surgit dans l'actualité il y a un ministre qui annonce systématiquement qu'il va faire une loi. Mais un pays démocratique ne peut pas être gouverné que par des lois. Trop de lois tuent la loi. Nous en sommes submergés en France. Empilons les codes civil, pénal, du travail, du commerce, etc., il y en aura jusqu'au plafond d'un immeuble haussmannien. Il est impossible pour un citoyen de s'y retrouver. C'est une injonction paradoxale que de nous demander de respecter la loi. Celle-ci ne l'est pas d'ailleurs par ceux qui la créent ou qui sont chargés de l'appliquer, non pas par mauvaise volonté, mais par leur incapacité d'en gérer la complexité. La plupart des problèmes que les politiciens promettent de régler peuvent l'être par des textes déjà prévus. Malheureusement dans la complexité de la législation nous trouvons de tout et son contraire, ce qui fait le bonheur des avocats.

 

Mes propositions sont :

 

  1. En préalable remettre en place l'impôt sur la fortune et annuler les ponctions faites sur les retraites. Rappelons au passage que les retraites versées au retraités proviennent de cotisations obligatoires que l'on a prélevé sur leurs salaires pendant toute leur carrière professionnelle. Décisions qui permettraient de prendre l'initiative de ce débat au sérieux.

  2. Créer une vaste campagne de simplification de la législation. Et par la même occasion, mener une chasse aux procédures obsolètes qui freinent l'efficacité de l'administration. La suppression de certaines mesures restrictives improductives permettrait de restaurer un peu de liberté dans la vie des citoyens.

     

2, Du point de vue de la fraternité

 

Le néo-libéralisme ambiant et la mondialisation à outrance détruisent le tissu social. Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus nombreux.

 

Mes propositions sont :

 

  1. Pour rééquilibrer il importe que les élus politiques se distancient des réseaux d'influence et qu'ils développent leur capacité à être non dépendants de ceux-ci.

  2. Au risque de paraître utopiste je propose plus d'intégrité de la part des élus de haut niveau et plus d'indépendance vis à vis des pouvoirs financiers.

  3. Il faudra peut-être aussi demander aux citoyens d'être moins naifs en détournant leur intérêt de ceux qui estiment que pour être élu il faut organiser des super shows à la manière des grandes vedettes américaines. Nous ne devrions pas estimer un bon élu au nombre de projecteurs qui brillent au dessus de sa tête, mais au regard des valeurs qu'il porte et à sa fiabilité.

  4. Des mesures doivent être prises à l'encontre des grosses entreprises qui ne respectent pas les règles.

  5. Il y a quatre millions d'artisans et commerçants en France. Si chacun d'eux embauche un salarié, il n'y aurait plus de chômage et nous serions même amenés à faire appel à des migrants.

  6. Il faut que l'Etat concentre son énergie et son soutien en faveur des petites et moyennes entreprises qui produisent en France et qui font travailler des Français. Les dernières modifications du code du travail faites ces vingt dernières années on produit l'effet contraire. Ce sont les entreprises du CAC 40 qui en ont profité, à commencer par les aides Aubry qu'elles ont encaissées sans pour autant respecter leurs engagements.

  7. Je trouve tout à fait anormal que des adultes et des enfants se font tuer sur une route parce qu'il faut plus de vingt ans, voire trente, pour mettre en œuvre les moyens d'assurer leur sécurité. (Une fillette décédée récemment à Renescure).

 

3, Du point de vue de l'égalité

 

L'égalité implique de la considération vis à vis des citoyens. Le mépris et l'arrogance constatées ces derniers temps est à proscrire. Il est primordiale que chaque Français puisse gagner correctement sa vie en travaillant et en vivant aisément.

 

Mes propositions sont :

 

1, Favoriser le développement des petites et moyennes entreprises comme décrit ci-dessus est le meilleur moyen d'y arriver.

2, Les lois doivent être appliqués pour tous de la même manière.

Exemple : Il n'est pas normal qu'un citoyen qui fait une infraction au code de la route soit

sanctionné sans être jugé alors que certains privilégiés qui ont commis des fautes graves depuis des années ne soient pas encore condamnés.

3. Il faut arrêter de piller la classe moyenne qu'on appauvrit pour faire des cadeaux aux riches. Si non, la France sera un pays où il y aura quelques riches et une majorité de pauvres.

 

 

 

 

MA CONTRIBUTION AU GRAND DEBAT NATIONAL
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2 décembre 2018 7 02 /12 /décembre /2018 15:43

   En ce début d'hiver les températures sont au plus bas. Gilles, sa femme Jeanine et ses enfants ont enfilé de gros pulls pour éviter d'utiliser le chauffage. C'est leur transition écologique à eux. Ils n'ont pas le choix. Cela fait plus d'une semaine que le porte-monnaie du ménage est vide. Le compte bancaire est en négatif. Ils savent que le mois prochain 60 € leur seront prélevés pour « frais d'intervention. Jeanine n'avait pas le choix. Pour acheter le lait frelaté en boîte d'Actalis pour le dernier né, elle a du mettre le compte en banque à découvert. Elle est assise dans la cuisine et tente de se réchauffer avec une tasse de café léger... très léger, pour consommer le moins possible. Dans une demi-heure elle ira déposer le bébé chez sa mère à vélo et elle partira pour un trajet de 5 km, faire du ménage chez M. Pardeau. Elle ne peut plus utiliser sa voiture, le réservoir est vide. Chez M. Pardeau elle exerce un petit boulot qu'elle a eu grâce à une association. Cela complète un peu le salaire de Gilles, mais c'est loin d'être suffisant. Pendant qu'elle boit ce qu'elle appelle un café ; par petites gorgées pour faire durer le plus longtemps possible. Elle observe les trous d'humidité sur les murs. Cela fait plus de deux ans qu'elle a signalé le problème au bailleur. Malgré de nombreuses relances, rien n'est fait. Elle pense à l'autre dans son palais à Paris, qui promet des primes pour changer les fenêtres.

   La rage lui monte au cœur. Elle voudrait bien accompagner Gilbert, ce soir, au barrage filtré du rond-point de la rocade, mais elle ne peut laisser les enfants seuls. Son compagnon y sera dès la sortie de son travail. Cette action est leur seul espoir pour que ça change ; pour qu'ils puissent avoir une vie descente ; pour que leurs enfants puissent avoir un avenir.

   A quelques centaines de mètres de là John est installé confortablement dans son pavillon situé à deux kilomètres des centres villes. Ancien cadre, il touche une retraite confortable. Il fait partie de ceux qui ne décolèrent pas depuis qu'on lui en prélève une partie ; juste après la suppression de l'impôt sur la fortune. Bien sûr ce prélèvement, presque 500 € annuels, ne l'empêchera pas de vivre correctement. Mais John est inquiet. Où cela va-t-il s'arrêter ? Ne risque-t-il pas un jour de se retrouver aussi parmi les pauvres ? La classe moyenne dont il fait partie ne risque-t-elle pas de disparaître ? John a compensé cette perte de revenus en supprimant les dons qu'il faisait aux associations caritatives. « Bordel de saleté de Macron de merde, c'est mon pognon qu'il me pique ! J'ai cotisé pendant plus de quarante ans. Ce n'est pas un revenu ma retraite, c'est ce que j'ai mis de côté. Il regarde sa montre. Il est l'heure...

   Vingt minutes plus tard Gilles et John se retrouvent au rond point de la rocade. Ensemble, ils gèrent le flux de véhicules sur l'une des voies d'accès au rond point. Sur le terre-plein central brûle un feu qui leur permet à tour de rôle de se réchauffer. Ils sont encouragés par les automobilistes et les routiers qui acceptent volontiers d'être retardés de cinq minutes pour la bonne cause. Rares sont ceux qui râlent. Il y a bien eu un cultivateur qui a roulé sur la barrière avec son tracteur ; ou un artisan qui a emprunté la voie de gauche pour contourner le barrage. Ils ont tous les deux été interpellés par les gendarmes. Du coup, ils sont passés après les autres. L'entente avec la police est cordiale. La solidarité fonctionne à plein. Certains apportent de la nourriture ; d'autres du bois pour alimente le feu. Les routiers se montrent particulièrement solidaires. L'un d'entre eux dit « vous ne mettez pas la barrière devant moi aujourd'hui ? » Il s'arrête et tend deux paquets de petits pains au chocolat.


  

 

Vers 22 h John décide de rentrer chez lui. Il propose à Gilles de le ramener. Celui-ci l'invite à prendre une bière. L'alcool est prohibé sur le rond point afin d'éviter les abus. John est consterné quand il constate l'état de l'appartement où vivent Gilles et Jeanine et leurs enfants.

  • On ne pas laisser ça comme ça, dit-il.

  • Que veux-tu qu'on fasse, ça fait deux ans qu'on réclame.

  • Si vous voulez bien, je vais m'en occuper.

   Avant de partir, John demanda l'autorisation au couple de prendre quelques photos avec son téléphone.

   Le lendemain, Jeanine sirotait son café très léger, « pour en consommer le moins possible ». On sonna à la porte. Elle ouvrit et se retrouva face au chef de la police municipale.

  • Bonjour Madame. On nous a signalé un problème d'insalubrité dans votre logement. Je suis venu pour le constater. Je peux entrer ?

   Jeanine laissa entrer le policier. Elle aurait bien voulu lui offrir un café, mais elle n'osa pas lui proposer sont jus de chaussette. L'homme constata l'état des lieux et prit des notes.

  • C'est bon, on va s'occuper de ça.

   Jeanine n'y croyait pas trop. Et pourtant...

   Quinze jours plus tard, un logement social en parfait état fut proposé à Gilles et Jeanine. Leur ancien appartement a été déclaré insalubre à la préfecture et le bailleur ne peut plus le louer.

   Gilles et John se retrouvent tous les jours sur le rond point de la rocade. Jeanine les rejoint régulièrement. Elle a trouvé une voisine solidaire du mouvement qui veut bien garder les enfants.

   Tous les trois font une pause près du feu. Les reflets des flammes dans leurs yeux laissent apparaître des lueurs d'espoir.

Des lueurs d'espoirs
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14 mars 2018 3 14 /03 /mars /2018 13:07

C'est la question que nous pourrions légitimement nous poser au regard du dernier palmarès, voire même de certains précédents. Quand, sur sept films « nominés », cinq méritaient de loin de passer devant le lauréat annoncé, l'ombre du doute ne peut que planer. En effet, « Au revoir la haut », « Le sens de la fête », « Brio », « Patient », « Le petit paysan » possèdent bien plus de qualité que « 120 battements par minute ». Certes, ce dernier n'est pas inintéressant de par le fait qu'il nous présente les stratégies des militants de Act Up et la mobilisation de ses militants, en abordant la problématique du sida dans les années quatre-vingt-dix. Mais il comporte aussi le gros défaut de faire subir aux spectateurs des scènes d'amour entre les acteurs qui sont interminables, durant lesquels le temps s'égrènent lentement, très lentement, générant un ennui qui devient insupportable. Le film aurait pu être réduit d'une demie-heure, et ainsi gagner en puissance au profit du sujet qu'il est censé développer. Mais une majorité des membres de l'académie ont quand même décidé de lui accorder leur faveur. Pourquoi ?

 

J'ai du mal à penser que les 4860 votants de l'académie se soient entiché de cette oeuvre, et l'idée me traverse d'une magouille au niveau des votes. Mais laquelle ?

Il ne ma paraît pas envisageable que cela provienne de l'Académie des Césars. Le vote est sécurisé. Nous votons sur un site internet géré par un organisme indépendant et spécialisé dans ce genre de prestations. Le vote est clos quelques heures seulement avant le palmarès. Plusieurs huissiers veillent au bon déroulement des opérations. Les enveloppes sont achetées avant d'être envoyée sur les lieux de la cérémonie, où elles sont ouvertes devant le public.

 

Une autre hypothèse me vient à l'esprit. Le monde du cinéma est un microcosme où tous se connaissent. Imagions un personnage connu et influent dans ce microcosme, qui aurait un intérêt particulier à voir un film « césarisé ». Il connaît de nombreux membres de l'académie. Il leur demande simplement et gentiment de voter pour son favori. Il n'y a ni corruption, ni pression, mais la volonté de certains de lui faire plaisir. Et voilà, l'affaire est dans le sac. Le fait que ce soit Albert Dupontel qui ait eu le César du meilleur réalisateur me renforce dans cette conviction. Je ne parviens pas à comprendre pourquoi le meilleur réalisateur n'aurait pas fait le meilleur film !

 

Alors, que s'est-il passé pour les César de cette année ? J'ai ma petite idée la-dessus, mais je me la garde. Ce n'est qu'une hypothèse, et une hypothèse ne peut être validées que si elle est confirmée.

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13 mars 2018 2 13 /03 /mars /2018 18:27

Nous apprenons en lisant l'Indicateur des Flandres de la semaine dernière que les cinémas de Merville et Bailleul bénéficieront d'un médiateur qui aura pour mission « d'aider les salles de proximité à attirer des spectateurs ». Qu'on se le dise !

 

Ceci, sous l'égide du Conseil Régional. « Il » (Le médiateur, pas le Conseil Régional) « mettra en place des actions d'éducation à l'image à destination des plus jeunes, et développera des actions dans les salles et les réseaux sociaux, dans le but de développer le public. GENIAL !

Voilà tout un programme ! Fort de mes expériences d'exploitant bénévole pendant plus de 25 ans à Merville et 22 à Bailleul, je m'étonne du fait que l'on recrute un agent chargé de faire ce que les exploitants en poste savent et font déjà !

De plus, les cinémas sont déjà soutenus depuis de nombreuses années par les collectivités locales au niveau de « Ecoles aux cinéma » ; « Collèges au cinéma », et « Lycéens au cinéma ». Ces dispositifs sont soutenus par le Centre National du Cinéma et par la Fédération Nationale des Cinémas Français. Une association des salles de cinéma Art et Essai apporte également son soutien pour ce genre de démarches. Enfin, il existe des associations très actives qui apportent leur aide aux cinémas qui le souhaitent : « L'Agence pour le Développement Régional du Cinéma » au niveau national ; « De la suite dans les images » au niveau régional ; « Le Club Cinéma de Merville » au niveau local.

 

Ce qu'il faut avant tout pour attirer du monde dans les salles de cinéma, ce sont des bons films et de bonnes conditions d'accueil. En ce qui concerne les films, depuis deux ou trois ans, nous subissons une crise de créativité mondiale. L'offre est majoritairement constituée, soit de films pour adolescents attardés, genre Marvel, soit des « Art et Essai », plutôt « Essai » que « Art ». D'autre part, une nouvelle tendance est inquiétante. Certains films de grande qualité que j'ai pu voir dans les festivals, comme « La femme du gardien de zoo », ne passent pas par les cinémas et sont directement orientés vers la VOD. Il serait du devoir de la FNCF de réagir face à un tel phénomène.

 

Pour les conditions d'accueil, nous avons déjà évoqué les efforts à fournir au niveau de Merville, dont le cinéma est confronté à de nombreuses erreurs de conception. Nous avons vainement réagi, il y a trois ou quatre ans lors de l'acquisition de fauteuils bas de gamme pour l'ECRH. Les retours que nous recevons régulièrement démontrent que nous avions raison.

Compte tenu de tout cela, nous n'arrivons pas à comprendre l'intérêt de ce médiateur, ou médiatrice. Nous avons interrogé Monsieur le Maire qui n'a pas réussi à nous convaincre sur le bien fondé de cette démarche ; ceci d'autant plus que depuis quatre ans, les associations ne sont vues réduire leurs subventions de 40 %. Quel sera le bénéfice à tirer de cet investissement de 6125 € ? Monsieur le Maire nous confirme qu'il s'agit d'un projet émanant du Conseil Régional, avec pour objectif d'aller vers la population pour inciter celle-ci, et lui donner envie de fréquenter le cinéma. Mais, le plan d'action n'est pas encore élaboré...

 

(A suivre...)

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28 février 2018 3 28 /02 /février /2018 21:42
Dany Boon et les ch'tis

Alors que "La ch'tite famille", de Dany Boon, remet au goût du jour les ch'tis et leur langage, j'ai pensé opportun de reproduire ici, ce que j'ai écrit il y a dix ans dans mon livre "Les tournages de films dans le Nord et le Pas-de-Calais.

 

Pour être un enfant du pays, Dany Boon en est un vrai ! Originaire d’Armentières, il a largement contribué dans ses sketches, à mettre le Nord en scène. Après « la maison du bonheur » qui ne marquera pas les anales de l’histoire du cinéma, il a situé l’action de son deuxième film dans sa région natale. « Bienvenue chez les Ch’tis » relate l’histoire d’un postier du sud muté à Bergues, près de Dunkerque, pour des raisons disciplinaires. Il découvre le Nord – Pas de Calais et se débarrasse de ses préjugés.

 

Le casting qui a été organisé pour recruter les figurants a eu un succès inattendu. Neuf cent candidats s’y sont présentés. Bon nombre d’entre eux ont figuré comme participants à un mariage qui fut mis en scène dans l’église de Bergues.

Mais pourquoi Dany Boon a-t-il choisi une ville située dans les Flandres où le patois n’y est pas employé et si peu caractéristique des Ch’timis ? Sans doute avait-il ses raisons. Cette ville possède avec ses remparts, un cachet pittoresque. Les mentalités y sont plus proches des Dunkerquois qui reflètent bien le côté accueillant du Nord. Mais les remparts, on ne les voit pas dans le film ! Sans doute faut-il chercher la raison ailleurs. Adalbert Carrière était autrefois carillonneur à Bergues. Il était le grand-père maternel du réalisateur. Le petit Dany allait souvent là haut, voir jouer son aïeul. Il me paraît donc raisonnable de supposer que les souvenirs d’enfance ont créé suffisamment d’attaches sentimentales avec cette bourgade pour décider d’y poses ses caméras. L’aspect logistique n’est certes pas à négliger. Pour le scénario, il fallait une petite ville où les gens se côtoient facilement. Il fallait pouvoir bloquer la circulation pour des journées ou des nuits entières. Bergues est située à l’écart des axes routiers. La position du Beffroi par rapport au centre ville, facilitait la tâche des techniciens. Certaines scènes ont également été tournées à Lille, Bruay-La-Buissière, Douai et Lens. Quand Antoine Bailleul joue du carillon, il est dans celui de Douai qui est plus ancien. Celui de Bergues, détruit par les Allemands en 1944 a été reconstruit en 1961. Sa construction récente, le rend plus banal. La scène où les protagonistes emmènent l’épouse de Philippe Abrams pour simuler un Nord misérable a été filmée dans un quartier destiné à la démolition dans l’ex bassin minier. L’équipe de tournage a investi le stade Bolaert pendant un match de football. Les supporters y chantaient « Les corons ». Les joueurs ont refusé d’aller quelques minutes sur le terrain en dehors du match qui n’a pu être filmé. C’est ce qui explique qu’il n’y a pas de plans de la rencontre. Quant à la poste, un ancien bâtiment d’EDF a été utilisé pour les extérieurs, tandis que les scènes d’intérieur étaient filmées en studio.

 

Tout comme Peter Falk qui avait cherché la voiture de Columbo dans une casse, les décorateurs du film se sont présentés chez Hedimag à Hazebrouck pour dénicher la friterie Momo. C’est parmi deux épaves mises au rebus qu’ils ont trouvé leur bonheur. Depuis, cette baraque à frites a entamé une nouvelle carrière. Depuis la sortie du film elle fait la tournée des stades lors des manifestations sportives.

 

 

ON GARDE LA SOIREE SPECIALE, LE TGV MAIS PAS L’BARAQUE A FRITES

 

Une vive polémique a fait parler du film « Bienvenue chez les ch’tis », une dizaine de jours avant sa sortie dans le Nord. Daniel Percheron, Président du Conseil Régional, a présenté au vote des élus, une dépense de 600 000 € dans le but de profiter de la sortie de ce film évènement pour lancer une campagne promotionnelle de la région. Notamment, une soirée spéciale était prévue pour une avant-première le 18 février au Nouveau Siècle à Lille. Un TGV a été affrété pour amener l’équipe du film de Paris. Une baraque à frites sans frites devait être installée sur le quai de la gare.

 

De nombreux élus se sont opposés à ce projet. L’UMP, les verts, les communistes, soutenus par deux centristes se sont alliés pour voter contre, tandis que les socialistes obtenaient l’appui du Front National en faveur du projet. Un nouvel exploit pour Dany Boon qui montrait ainsi une grande capacité à faire valser les couleurs. Le communiste Eric Renaud, estimait qu’il s’agissait d’un cadeau à Pathé productions. Il posait la question de savoir si Dany Boon n’utiliserait pas une partie de cet argent pour se payer de bonnes vacances avec son grand ami Arthur ? Outre, cette réflexion d’un goût douteux, il eut le mérite de suggérer que la région achète plutôt cent mille places de cinéma pour que les familles défavorisées puissent voir le film. Il est vrai que Percheron avait trouvé un argument solide : si la région verse chaque année 400 000 € pour le Paris - Roubaix qui valorise « l’enfer du Nord », pourquoi pas 600 000 € occasionnels pour un film qui en fait la promotion ? Mais qu’est-ce qui oblige Percheron à donner une telle somme pour le Paris – Roubaix, alors que le livre que vous lisez ne touchera pas un centime du Conseil Régional ?

 

Finalement, la version initiale a été modifiée. La soirée spéciale et le TGV furent maintenus mais nous ne savons pas ce qu’il advint de l’baraque à frites. Par contre des droits à l’image ont été achetés au producteur pour réaliser des spots de promotion en faveur de la région.

 

DANY BOON A SNOBE LES SALLES DE PROXIMITE

 

Ce qui est plus regrettable que cette histoire de choix politique dans la promotion de la région, c’est l’absence du réalisateur dans les petites salles de proximité. Elles ont été nombreuses à le solliciter mais ce sont les multiplexes : Hénin Beaumont, Lille, Coquelle, Liévin, etc. qui ont bénéficié de sa visite lors d’avant premières qui se sont faites en janvier. Cela est d’autant plus étonnant de la part de Dany Boon, qu’il a fait lui-même l’expérience avec « Joyeux Noël » que les petits cinémas comme Saint Pol sur Ternoise étaient capables d’attirer du public lorsqu’on leur faisait confiance.

 

Il y a eu jusqu’au cinéma « Les Etoiles » à Bruay qui n’a pas pu obtenir le film avant la deuxième semaine nationale, pendant que plusieurs copies tournaient dans le multiplexe voisin. Et encore, il a fallu que l’exploitant se fâche. Mais là, le réalisateur n’y est pour rien.

 

MEDAILLE D’OR POUR LES CH’TIS, MEDAILLE D’ARGENT POUR LES GAULOIS

 

Dès la première semaine consacrée en avant première mondiale dans le Nord – Pas de Calais, le film a déclenché un raz de marée de cinq cent mille spectateurs vers les salles de la région. Cela ne s’était jamais vu. Les cinémas qui pratiquaient les réservations ont fonctionné toute la semaine à guichets fermés. Les records établis par Titanic en 1998 ont été pulvérisés dans le Nord. Le succès s’est confirmé la semaine suivante pour la sortie nationale : Plus de cent treize mille entrées à Paris le premier jour et 558 359 pour la France, dépassant allégrement la grosse machine bassement commerciale « Astérix aux jeux olympiques » qui avait réalisé 464 000 entrées le jour de sa sortie, quelques semaines plus tôt, grâce à une campagne de promotion exceptionnelle. Pour « Bienvenue chez les ch’tis, le bouche à oreille a fonctionné avec la plus grande efficacité. Ainsi, les ch’timis ont été plus forts que les Gaulois, et sans potion magique, quoique … il y a quand même le Genièvre !

 

EFFETS SECONDAIRES POSITIFS ET NEGATIFS DE LA CH’TI MANIA

 

Grâce à Dany Boon, le Ch’ti est devenu un label. La bière qui en porte le nom et qui apparaît dans le film a décuplé ses ventes au point de frôler la rupture de stock.

 

A Bergues, on attend beaucoup plus de touristes qu’habituellement. Un circuit spécial, montrant les lieux de l’action du film et commenté par des anecdotes du tournage a été mis en place. Mais il y a eu aussi la déconvenue du maire qui a vu disparaître un des panneaux d’entrée de la ville, emporté par un spectateur quelque peu trop enthousiaste.

 

Le carillonneur officiel de la ville était adjoint au maire. Il a créé une liste dissidente à l’occasion des élections municipales de mars 2008. Sa participation au film était une promotion idéale pour sa candidature.

 

Il paraît que « biloute » apparaîtra dans l’édition 2009 du « Petit Robert ».

 

COMMENT EXPLIQUER LE SUCCES DE « BIENVENUE CHEZ LES CH’TIS » ?

 

Il y a d’abord une excellente stratégie employée par Pathé. La semaine en avant première nordiste a fait parler du film et mis les spectateurs en appétit. Il y a aussi et surtout un bon scénario avec beaucoup d’humour, mais également de la tendresse. Il s’agit d’un film humaniste. Dany Boon a joué au théâtre « Le dîner de cons ». Il a ainsi profité du « savoir faire de Francis Weber d’une part et de celui de Raymond Devos avec qui il s’était lié d’amitié, d’autre part.

La queue au cinéma de Merville pour aller voir "Bienvenue chez les Ch'tis"

Les années 2007 et 2008 correspondent à une période morose. Les libertés se réduisent comme peau de chagrin, tout comme le pouvoir d’achat. Dans ces moments là, la population a besoin de se distraire. Hors, qu’avons-nous eu comme bonne comédie française depuis un an ? Néant ! Pourtant c’est un genre dans lequel nous excellons. Ce sont nos comédies qui sont le plus plagiées par les américains. A l’heure où j’écris ces lignes, j’espère que le succès de Dany Boon incitera les producteurs de notre pays à produire ce genre de films pour leur permettre de retrouver un public qui a commencé à déserter les salles en 2007.

 

QUELQUES CHIFFRES

 

  • 500 000 entrées pour la semaine régionale, soit deux à trois fois plus que les gros succès comme « Harry Potter » ou « Spiderman ».

  • 63 733 spectateurs en une semaine au Kinépolis de Lomme ; 3 300 à l’Espace Robert Hossein à Merville ; 2 200 à Saint Pol sur Ternoise. 4 100 entrées au Flandria de Bailleul en deux semaines, environ 2 000 spectateurs n’ont pu entrer dans cette salle faute de places. Toutes les séances étaient complètes.

  • 558 359 entrées le premier jour de la sortie nationale.

  • 113 000 spectateurs le premier jour à Paris.

  • 90 % des entrées réalisées par le Pathé de Lievin le dimanche.

 

LEXIQUE CH’TIS

 

Caillèle ou caillère : chaise.

Marone : Pantalon.

Wassingue : Serpillière.

Veit ou ravisse : Regarde.

Cassis : Châssis.

Cat : Chat.

Frod : Froid.

Cauffer : Chauffer.

Carabistoules : Des histoires.

Saques ed’dins : Vas y fonce.

Braire : Pleurer

Ronguer : Ronger.

Eun drache : la pluie

Tin : Ton.

Ti : Toi.

Mi : Moi.

Ichi : Ici.

Quien : Chien.

Bouque : Bouche.

Chicon : Endive.

Quind : Quand.

Té : Tu.

In diro : On dirait.

Canter : Chanter.

Queire ou Querre : Chercher.

Quière : Tomber.

Quier : Cher.

 

Exemples :

 

Veit ch’cat qui ch’cauffe chu ch’cassis. Si ch’cat y ch’cauffe, ch’est que ch’cat y a frod.

« Regarde le chat qui se chauffe sur le châssis, si le chat se chauffe, c’est que le chat à froid. »

 

Quind té ris in dirot qu’té cantes et quin té cantes, in dirot qu’té ris.

« Quand tu ris on dirait que tu chantes et quand tu chantes, on dirait que tu ris. »

 

Y raconte des carabistoules.

« Il raconte des histoires ».

 

Va queire eune bière et l’laiche pas quière pace que ch’es quièr.

« Vas chercher une bière et ne la laisse pas tomber parce que c’est cher. »

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27 février 2018 2 27 /02 /février /2018 12:36

Certains appellent Bailleul « Le Hollywood des Flandres ». Outre le fraudeur de Léopold Simons dans les années trente, les films les plus médiatisés sont les œuvres de Bruno Dumont « La vie de Jésus » et « L’humanité ». Le premier attirait une foule considérable au Flandria. Les Bailleulois étaient curieux de voir comment était représentée leur ville dans un long métrage. La salle était comble lors d’un débat avec le réalisateur. La discussion dura plus d’une heure et demie. Le second attira moins de monde, mais le cinéma de Bailleul enregistra quand même l’un des meilleurs scores du film. Il faut dire que malgré les récompenses Cannoises, et notamment les prix d’interprétation pour Séverine Caneele et Emmanuel Schotté, « L’humanité » n’a pas connu un succès public. Il a réalisé moins d’entrée en France que « La vie de Jésus ». Le film fut présenté lors de l'édition 1999. Je suis allé le voir à la séance du matin avec la journalistes. C'était la première séance du film et le réalisateur assistait discrètement à la projection. L'interprétation ringarde des acteurs déclenchait des éclats de rire dans la salle. Bruno Dumont ne s'attendait pas à ces réactions du public. Plus tard, il dira qu'il avait volontairement orienté le jeu des interprètes dans ce sens. Lorsqu'il présenta son film à Bailleul, je lui suggérait de se lancer dans la comédie. Je pense qu'il a des talents pour cela. J'ose penser que j'y suis peut-être un peu, pour quelque chose dans l'orientation actuelle de ses œuvres. Lors de cette 52ème édition de la célèbre manifestation, il semble qu'il y ait eu des frictions entre David Cronenberg, le président du jury et Gilles Jacob, le délégué général du festival. C'est la raison qui semble jusifier l'étrange décision du jury au niveau des prix d'interprétation à Séverine Caneele, ex æquo avec Emilie Dequenne, et Emmanuel Schotté. Le réalisateur réitéra à nouveau avec « Flandres ». Il vint à nouveau à Bailleul pour un débat. Cette fois, la salle était bien garnie, mais pas pleine. Bruno Dumont s'inquiétait de voir arriver FR3 qui m'avait contacté dans la journée. Il semblait vouloir les éviter... Il était accompagné de plusieurs acteurs du film, dont un Mervillois notoirement connu aujourd'hui pour de nombreux actes de délinquance. Il est habitué aux séjours de cure à Sequedin1. Après la projection, juste avant de commencer le débat, je perçus dans le hall, une odeur particulière de « merde herbicide ». Il était allé fumer un joint dans les toilettes. J'invitais Bruno Dumont à s'occuper de son lascar s'il voulait éviter que je le mette dehors.

 

Le fraudeur de Léopold Simons

Un autre succès mérite d'être souligné. Daniel Najberg, qui est connu pour être parmi les plus grands collectionneurs cinéma de France, s'était procuré deux films de Léopold Simons : « Le fraudeur » et « Le mystère du 421 ». Les copies étaient en nitrate. Il les confia aux archives du film où elles furent développées sur des copies conventionnelles. Grâce au soutien du Centre National de la Cinématographie et la participation de l'association Toudis Simons, l'Amicale des douaniers, et bien évidemment Daniel, nous avons eu le plaisir de projeter « Le fraudeur » les 9 et 10 octobre 1999. La projection fut suivie d'un débat animé par des anciens douaniers et... des anciens fraudeurs. Là aussi nous avions rempli la jauge.

 

L'exposition « Cinémaréchaussée » que nous avions découvert à Cannes présentait les gendarmes au cinéma. Les Bailleulois ont pu la découvrir dans le hall de leur mairie, après que le Club Cinéma l'eut présentée à l'ECRH à Merville.

 

Lorsque le film « Lucie Aubrac » est apparu sur les écrans français, les adolescents du Conseil Municipal des jeunes ont décidé de contacter l’héroïne du film pour l'inviter à Bailleul. Une rencontre avec Lucie Aubrac eut lieu après la projection. Le maire, Jean Delobel, prit le premier la parole et y alla de sa verve habituelle. L'intervention de Lucie Aubrac fut des plus passionnantes. Malgré son âge avancé elle n'avait pas perdu son énergie et son courage en animant le débat qui se prolongea tard dans la soirée, et durant lequel elle martela son principe de faire valoir son droit à la désobéissance quand c'est nécessaire.

 

Quand on a remarqué que des Juifs et des Allemands

fuyaient leur pays avant guerre, on ne s'était pas

posé de questions. Après, il était trop tard.

(Lucie Aubrac)

1Prison dans la banlieue de Lille

 

Notre ouverture aux diverses et fréquentes sollicitations que nous recevions pour ce genre de manifestations fréquentes contribuait à la bonne réputation du cinéma de Bailleul.

 

Le Flandria obtenait de bons résultats. L'objectif des 13 000 entrées fixé en 1991 était largement dépassé. Nous avions atteint 21 320 spectateurs en 1997.

 

Dans les années 80, Jack Lang avait créé l'ADRC (Agencre pour le Développement Régional du Cinéma). C'était une excellente initiative qui permettait aux petits exploitants d'obtenir des films porteurs plus rapidement. Chaque région avait un délégué qui nous contactait pour établir la programmation des copies supplémentaires, financées par cette agence. C'est à Michel Vermoesen que fut attribué cette responsabilité. Il passa le relais quelques années après à Henri Descamps, le président du syndicat. C'est son épouse Nicole qui se chargeait de nous contacter. Ce système fonctionnait très bien et constituait un soutien précieux pour les petits cinémas. C'est aussi dans ce cadre que les petits exploitants pouvaient bénéficier d'une aide sélective pour faciliter leurs investissements. C'est ce système qui permit également aux communes de financer la reprise de cinémas, faisant de la France le pays le mieux équipé. Je crois bien que ça a été la seule et unique démarche efficace en faveur des petites exploitations. Malheureusement, quand quelque chose fonctionne bien, il y a toujours des intellectuels au cerveau bourré de scorpions qui décident de le réformer. C'est ce qui se produisit dans les années quatre-vingt-dix. Je me suis insurgé contre cette nouvelle formule de l'ADRC qui, pour moi, était devenu un service d'aide à la programmation de films destinés aux salles Art et Essai. Je n'avais pas besoin d'un soutien pour accéder à ces films. Ce qu'il me fallait, c'était obtenir les films porteurs rapidement pour engendrer des recettes qui me permettaient, non seulement d'équilibrer confortablement mon budget, mais aussi de pouvoir programmer à perte les films qui me permettaient d'accéder au classement Art et Essai. En outre, j'étais membre de l'AFCAE (Association Française des Cinémas Art et Essai), et je trouvais que cette association effectuait un bon travail pour permettre aux cinémas qui le voulaient d'obtenir le classement. Cerise sur le gâteau, le directeur de cette nouvelle usine à gaz qui venait d'être créée, était un ancien employé d'un distributeur qui ne se gênait pas pour enfoncer les petites salles avec des minimums garantis élevés. Ma colère était si grande, que le jour où j'ai reçu une invitation pour participer à une assemblée générale de l'ADRC, je leur renvoyai leur formulaire déchiré. Ce geste en outragea plus d'un et eut pour conséquence, une réprimande de Delobel qui n'appréciait pas que j'agresse ses amis « socialos ». Cela fit germer, dans la tête d'Henri Descamps, l'idée de me faire prendre des responsabilités au syndicat. Je pense qu'il trouvait en moi un petit quelque chose de sa jeunesse. C'est ainsi que je me retrouvais dans la commission « petite exploitation » à la Fédération Nationale des Cinémas Français, et plus tard dans celle de « l'Education à l'Image ». A plusieurs reprises, je fus invité à participer à la commission de classement des salles Art et Essai. Ça ne servait pas à grand chose, mais ça donnait un petit air de démarche participative. Il en était de même pour les commissions à la FNCF où on ne brassait que du vent, mais j'y restais quand même. C'était agréable d'aller faire un tour à Paris, tous frais payés.

 

J’eus aussi la surprise d'apprendre que j'étais vice-président de la Chambre Syndicale des Directeurs de Cinémas de la région Nord-Pas-de-Calais, sans avoir jamais postulé à ce poste. Bernard Coppey était le trésorier... Je n'avais jamais assisté à un Conseil d'Administration, mais c'était ainsi. Il y avait bien une Assemblée Générale chaque années, mais on n'y faisait pas d'élections. L'ordre du jour consistait à nous transmettre des informations venant de la fédération.

 

Dans le courant de l'année 1997, j'étais invité par une association d'Armentières pour participer à un débat, suite à la fermeture du Rex. Ce cinéma, ouvert en 1936, avec une capacité de 875 fauteuils, réussit à s'adapter à la vague des complexes en se transformant en cinq salles dans les années quatre-vingt. L'arrivée du Kinepolis à Lomme lui fut fatale. Il ferma ses portes définitivement le 9 février 1997, avec dans sa programmation un film de circonstance « Tout doit disparaître ». Armentières, ville de plus de 20 000 habitants se retrouvait sans cinéma. C'était une honte pour la commune. Je me retrouvais à la tribune à côté d'Henri Descamps. Nous étions là pour démontrer qu'un cinéma était fiable à Armentières. L'expérience de Bailleul en était une démonstration. Malheureusement, les élus de la ville n'ont pas souhaité s'engager dans un tel projet. Armentières resta donc un désert cinématographique durant une quinzaine d'année, jusqu'à l'ouverture d'un nouveau multiplexe à quelques dizaines de mètres de l'ancien.

 

En 2002 j'avais assisté, avec Daniel et Masako, à une projection de «Polissons et galipettes». Il s’agissait d’une compilation de petits films pornographiques des années vingt, récupérés chez un collectionneur. Le Flandria proposa ce film dans sa programmation du 26 au 29 septembre de la même année. Il y eut pour l’occasion un partenariat avec le journal local, l’Indicateur des Flandres. Il était demandé aux lecteurs d’envoyer une phrase comportant les mots «polissons» et «galipettes». Les auteurs des dix meilleurs textes reçurent une place gratuite pour aller voir le film. Voici quelques oeuvres que nous avons reçues de la part de polissons et de... polissonnes.

 

- Pour faire des galipettes, choisissez avec soin votre polisson, accommodez à la sauce poulette, et consommez sans modération.

- Les hommes honnêtes et polis sont polissons dans leurs galipettes.

- Quelque soit la saison, jupettes, salopettes et caleçons, tous à l’unisson, petits polissons, faisons des galipettes sous les frondaisons ou sur la carpette, cela jusqu’à « perpette » et que vive... la quéquette !

- Mon gros chaton, tendre polisson, rien ne t’arrête quand tu fais des galipettes sous la couette avec moi, ta nénette. Tu perds un peu la tête, mais je te répète : que c’est chouette de me faire aussi la fête. Signé : ta minette (de Wallon).

- Polissons et polissonnes, galopons à coup de galipettes sur les « polipettes » « galissonnes ».

- Pendant les galipettes, glapissons ! Et les polissonnes polies seront.

 

Et le meilleur de tous :

- Ce polisson de juge se présenta devant le curé, non pas pour se confesser, mais pour une partie de galipettes comme savent si bien le faire les gens de robe.

Le Hollywood des Flandres

Grâce à la politique des contrats aidés, l'équipe du Flandria s'est étoffée au fil des ans. Cela permettait au salarié à temps plein de bénéficier de congés en week-end. Malheureusement Guillaume restait immature. Il se sentait protégé par le maire, et de ce fait par tout ceux qui évoluaient au sein ou autour de la municipalité. Ça ne le motivait pas pour progresser. J'avais plus de difficultés à gérer les deux ou trois salariés du cinéma de Bailleul que les quelques dizaines sur mon lieu de travail. Un incident m'offrit la possibilité de me débarrasser de cette charge. Une projection débat d'un film africain avait été organisée en présence du réalisateur. Ce soir là, Guillaume était en congés. C'est Sébastien, un bénévole, qui le remplaçait pour la projection. Pascale, la responsable de l'association de jumelage avec un village du Togo, présenta le film et les actions menées par son association. Après cela, la projection commença et s'arrêta aussitôt. Sébastien me fit appeler pour que je le rejoigne à la cabine. Il m'expliqua qu'il avait entendu un claquement et que la projection s'était arrêtée. Il avait eu le réflexe de couper le moteur aussitôt. L'appareil n'avait pas été entretenu et il n'y avait plus d'huile. C'est Guillaume qui était chargé de l'entretien du matériel. Après avoir rempli le carter, Sébastien essaya de remettre l'appareil en marche, mais celui-ci était bloqué. Il nous a fallu appeler le dépanneur qui ne pouvait pas être sur place avant un délai d'une heure. La plupart des spectateurs, de bonne composition, ont accepté d'attendre. Nous sommes allés commander des boissons au restaurant d'en face et nous leurs avons offert une consommation. Le dépanneur arriva comme prévu et remis l'appareil en état de fonctionner. Il félicita Sébastien de son réflexe. S'il n'avait pas été aussi réactif, nous n'aurions plus eu de projecteur. La projection repris avec une heure de retard. Furieux de cet incident, je confiais la responsabilité de la cabine à Sébastien qui s'engagea à entretenir le matériel régulièrement. J'informai le maire de cette mésaventure. Pour lui, dans une réponse qu'il me fit le 7 avril 1998, il n'y avait rien à reprocher à son petit protégé. Je n'insistais pas.

 

Quelques mois plus tard, nous avions une sortie nationale pour un gros film de la Columbia : « Godzilla ». Je voulais éviter de mauvaises surprises comme ce fut le cas pour le film africain. Je rédigeai une note de service par laquelle je confiais la responsabilité de cette opération à Sébastien et Laurent. Guillaume alla pleurer dans le giron de papi qui, pris d'une poussée d'adrénaline, piqua une colère et m'envoya une lettre dithyrambique par laquelle, balayant d'un revers la convention signée quelques années plus tôt, il me rappela qu'il était le patron, et qu'il envisageait même de tancer sérieusement Laurent pour son intervention, dite « intempestive » lors du tournage de « l'humanité » de Bruno Dumont. Laurent s'était manifesté auprès de l'équipe de tournage qui bloquait les rues et empêchait l'accès des spectateurs au cinéma pour une séance programmée au même moment. Nous n'avions pas été prévenus des difficultés d'accès envisagées à ce moment là.

 

Pour le maire donc, « Monsieur Guillaume D. » était le seul responsable en titre. A ce moment là l'envie me pris de m'escamper et de m'éloigner de ces chicaneries. Je me rendais compte qu'il était inutile de gloser, mais je trouvais une solution bien plus intéressante pour moi. J'étais lassé des frasques continuelles et de l'impuissance que je ressentais à résoudre ces difficultés. La liste des bévues rencontrées serait trop longue à énumérer et déplaisante pour le lecteur. Je fis donc savoir au maire que, puisqu'il était le patron, que mes décisions ne comptaient pas et qu'il refusait d'admettre les erreurs de son protégé, je retirais de mes responsabilités la gestion du personnel. Je gardais ce qui était agréable pour moi et qui m'apportait du plaisir. Je leur laissais les désagréments. Et là, il s'est passé quelque chose d'ubuesque. La gestion du personnel du cinéma Flandria de Bailleul, salle associative, fut confiée à du personnel municipal. C'est Pascale et Hélène du service Culture et Jeunesse qui furent chargées de cette corvée. Nous verrons dans un prochain chapitre que cette décision eut des conséquences qui provoquèrent la fin de l'OMJCEP. J'étais partagé entre une grande hilarité et un énorme soulagement. Il m'incombait les taches qui me plaisaient : programmation, animation, gestion financière. Les années qui suivirent furent beaucoup plus agréables pour moi au Flandria.

 

Au début des années quatre-vingt dix, Michel Vermoesen, qui dirigeait les productions « Cercle bleu », recherchait des figurants pour danser devant le moulin de Boeschêpe à l'occasion du tournage d'un téléfilm avec Ronny Coutteure : Baloche. Je mobilisais plusieurs adolescentes et leurs éducatrices de l'établissement de Noeux les Mines, où je travaillais, ainsi que plusieurs personnes en lien avec le Flandria de Bailleul. J'y participais moi même avec ma compagne. Nous avons ainsi vécu l'expérience d'un tournage où l'on s'aperçoit que les temps d'attente sont beaucoup plus longs que les temps d'action. Tout cela pour paraître une ou deux secondes en arrière plan. Nous avions ainsi tout le loisir d'observer l'un des comédiens, en pleine confusion avec son rôle, qui draguait à outrance les deux actrices. Pour ma copine Maryse se fut encore plus cocasse. Elle et son compagnon pratiquaient la danse de manière intensive. Elle s'imaginait qu'ils seraient remarqués et mis en vedette. Mais le réalisateur ne voulait pas des experts de la danse, mais de simples danseurs, comme dans les bals populaires. Ils ont dit à Maryse qu'ils n'avaient pas besoin de ses talents de danseuses. Par contre, ils lui ont demandé de bien vouloir mettre sa voiture à disposition pour la filmer dans un parking. Maryse et son ami sont donc restés toute la journée pour qu'on filme leur véhicule.

 

La semaine suivante, une autre scène devait être tournée à Lille, dans une salle. Michel me proposa de revenir avec les jeunes de Noeux-les-Mines. Ce jour là il faisait très chaud et l'équipe de production n'avait pas prévu de bouteilles d'eau comme la fois précédent à Boeschêpe. La scène représentait une salle de bal. Il y avait un bar. Laurence et moi, nous sommes présentés à ce bar pour nous nous hydrater. On nous refusa les boissons. « Mais nous voulons bien payer, leurs dis-je. » Même en payant cela nous fut refusé. Je ne tenais plus, j'avais trop soif. Nous nous sommes éclipsés du tournage. L'avantage d'être figurant, c'est qu'on ne nous remarque pas. Nous sommes allés nous désaltérer en ville et nous sommes revenus incognito. A notre retour, il y avait le tournage d'une scène durant laquelle il fallait acclamer Gérard, le personnage principal incarné par l'acteur dragueur. Nous y avons mis beaucoup de joie et d'énergie en constatant que le comédien, toujours dans la confusion avec son personnage, prenait les acclamations pour lui. Don Saluste en aurait été jaloux.

 

Les filles de Noeux-les-Mines sont reparties très heureuses quand elles ont appris le montant du cachet qu'elles avaient obtenu pour ces deux prestations.

Invitation pour une séance en sélection officielle de "L'humanité" à Cannes

Invitation pour une séance en sélection officielle de "L'humanité" à Cannes

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12 février 2018 1 12 /02 /février /2018 18:53
9, 10 et 11 février 2018, l'Ecole Municipale de Théâtre de Merville a fêté son vingtième anniversaire.

9, 10 et 11 février 2018, l'Ecole Municipale de Théâtre de Merville a fêté son vingtième anniversaire.

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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 15:12

Cartouche d'encre pleine : 39 g.

Cartouche d'encre vide : 30 g.

A 20 € la cartouche, cela fait 2,22 € le gramme.

Ce n'est pas encore le prix de l'or, mais ça viendra.

 

 

 

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